Les écoles du bonheur

Pourquoi intégrer le bonheur en éducation ?

Les sciences de l’éducation montrent que la prise en compte de la qualité de vie et du bonheur à l’école présentent trois avantages.

1/ C’est d’abord un levier pour les apprentissages. Les travaux de Alejandro Adler, de l'Université de Pennsylvanie, concluent qu’un curriculum intégrant le bien-être  améliore la performance des élèves lors de tests standards. Les comparaisons internationales (PISA…)  montrent à l’inverse que l’anxiété nuit aux résultats. L’OCDE fait des recommandations allant dans le sens de la pratique du sport, de la mixité sociale et d’un renforcement du sentiment d’appartenance des élèves à la communauté scolaire.

2/ Enseigner les compétences psychosociales (ou compétences socio-émotionnelles) a également des effets sur le parcours de vie des individus, en termes de succès professionnel, de créativité, de santé, comme en témoigne une compilation de 225 articles scientifiques (Lyubomirsky et  Diener, 2005). 

3/ Enfin, pratiquer dès le plus jeune âge des activités favorisant la construction de valeurs humanistes est un moyen pour contribuer à une société meilleure. Lyubomirsky, S., King, L. A. et Diener, E. (2005). The benefits of frequent positive affect. Psychological Bulletin, 131, 803-855.

Laboratoire BONHEURS et Savoir-relation 

A l’origine du label, se trouve le laboratoire de recherche BONHEURS de CY-Cergy-Paris-Université, créé en janvier 2018. Premier laboratoire européen spécialisé dans les questions de bien-être et d’éducation, il compte 74 membres spécialistes des sciences de l’éducation, du numérique, de l’aménagement et du génie civil, didacticiens, sociologues ou historiens.

Le laboratoire BONHEURS interroge la notion de bonheur pour les individus dans leur contexte social : bien-être matériel, spatial, relationnel, perspectives d’émancipation, pouvoir d’agir dans les organisations, institutions et sociétés. 

Le concept pensé par le laboratoire est celui de SAVOIR-RELATION. Le bonheur en éducation ne concerne pas seulement le bien-être de la personne à l'école (qualité de vie, besoins fondamentaux, hygiène, absence de stress, lutte contre le harcèlement etc.) mais il concerne aussi le coeur des apprentissages. 

Apprendre pour la relation

La didactique de la relation développe une approche transversale et transdisciplinaire au niveau des contenus (relation cognitive). Les écoles se donnent pour projet de former un citoyen éclairé, capable de développer un esprit critique, heureux et équilibré dans sa relation :

- à soi (ego-relation)

-aux autres (alter-relation)

-au monde (cosmo-relation)

-au savoir lui-même (sapio-relation).

 Les compétences cognitives, émotionnelles, sociales, morales et civiques chapeautent la compartimentation disciplinaire, pour donner du sens aux apprentissages.

Apprendre par la relation 

La pédagogie de la relation est fondée sur l'idée que la relation socio-affective entre enseignants et élèves préempte tout savoir. L’accent est mis sur le climat social de la classe, sur les relations que les élèves ont entre eux, ainsi que sur la connexion entre les élèves et leur enseignant. Une attention particulière est accordée à la motivation, à la compréhension et à la participation des élèves, ainsi que sur la bienveillance entre les membres de la communauté scolaire. Sont privilégiées des pédagogies joyeuses et engageantes : jeux, théâtre-forum, débats philo, projets, classe renversée, pédagogie du chef d’oeuvre etc. 

Les « écoles du bonheur » sont les écoles d’application du laboratoire : il s’agit de nourrir les écoles des avancées de la recherche et réciproquement de nourrir la recherche des pratiques innovantes imaginées à l’échelle des écoles. C'est une articulation orginale entre recherche, formation et action éducative.

UNESCO

Le label "écoles du bonheur" se pense en synergie avec le projet international de “HAPPY Schools” mis en place par l’UNESCO. L'initiative mondiale de l'UNESCO appelle à une réforme transformative de l’éducation et à un changement de paradigme visant à placer le bonheur au centre des politiques et des pratiques éducatives. 

Fondée à la fois sur les preuves des sciences de l’apprentissage et la philosophie de l’éducation, elle reconnaît que le bonheur est non seulement un moyen, mais aussi un objectif d'un apprentissage de qualité. L'excellence académique et le bonheur ne s'excluent pas mutuellement. Le bonheur peut être un moyen essentiel pour améliorer les expériences et les résultats de l'apprentissage.

L'initiative encourage les autorités éducatives à placer le bonheur au cœur de l'éducation et à promouvoir des pratiques d'apprentissage joyeuses, au niveau des écoles comme dans les politiques, conformément au référentiel mondial de l'UNESCO sur les écoles heureuses. Ce référentiel comporte quatre piliers - les personnes, le processus, le lieu et les principes - et 12 critères génériques pour intégrer le bonheur dans les systèmes éducatifs.

Le collège scientifique 

Le comité de pilotage